Lumière sur mairies brunes des Hauts-de-France

Avec Eric Zemmour et Robert Ménard, le ton est bien dangereusement donné pour une campagne municipale en 2020 avec des surenchères racistes, homophobes et intégristes tartinées de haines de grande ampleur. Le mouvement antifasciste doit continuer plus que jamais à réagir partout et dans l’unité.

VISA dans sa chronique n°13 de mai à novembre 2019, fait le point des maries brunes …

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Lien : Article complet VISA, Lumière sur mairies brunes : la chronique n°13 de mai à novembre 2019

Extrait concernant les Hauts-de-France :

Villers-Cotterêts (Aisne)

Élu depuis 2014, le maire FN de Villers-Cotterêts, Franck Briffaut, exerce son mandat avec une certaine discrétion. Il gère avec la plus grande économie les finances de la ville et le montant de la « cagnotte » ainsi alimentée ne cesse d’augmenter. Cela est dénoncé par l’opposition qui s’étonne du peu d’investissements depuis son arrivée en soulignant le manque d’entretien des voiries et de travaux dans le centre ville.

Ces économies se sont faites aux dépens des aides aux transports scolaires ou de la gratuité des ateliers de la médiathèque. La taxe d’aménagement a augmenté et les demandes d’extension de la crèche ou de rénovation de la cantine scolaire n’ont pas été entendues.

Cet ancien militaire aime l’autorité et déplore dans un interview que « Aujourd’hui, on ne peut plus mettre une baffe à un jeune qui commet une bêtise »… Il aime les discours nationalistes vibrants devant les monuments aux morts, mais il a refusé jusqu’ici de participer à la journée de commémoration de l’esclavage, en dénonçant la loi Taubira qui « vise à culpabiliser la France ». Faute de pouvoir se tenir en ville comme cela se faisait précédemment, la commémoration devait se tenir au château, domaine de l’État.

Mais cette année, il s’agit de participer au grand projet présidentiel de création d’un Centre de la Francophonie pour faire de la vieille demeure royale « un pôle innovant de diffusion de la culture en langue française dans le monde ». C’est un très gros projet, mené tambour battant par l’État avec l’objectif d’ouvrir en 2022 (prochaines présidentielles). Il suscite un grand intérêt tant du maire que des habitants qui espèrent ainsi une revitalisation notable de la ville.

On comprend dès lors que le maire ne peut plus bouder ostensiblement les cérémonies du 10 mai, et il y a participé cette année. Mais il maintient son opinion en précisant « Je suis contre une culpabilisation exclusive de la France. […] C’est en Afrique qu’on a aboli l’esclavage en dernier. Et c’est au Moyen-Orient que sévit l’esclavage moderne. »

Et il n’hésite pas à affirmer : « Si Villers-Cotterêts n’avait pas été la ville FN la plus proche de Paris, Macron ne serait peut-être pas venu y faire campagne et il n’y aurait pas de projet au château»..

La campagne pour les élections municipales se met en route et Franck Briffaut a annoncé qu’il se représenterait. Il prépare le terrain en utilisant la rhétorique du parti sur le face à face RN/LREM : « le clivage idéologique qui se met en place depuis quelques années oppos[e] les partisans d’un mondialisme exacerbé, sans frontière (…) et ceux qui savent que les peuples sont enracinés dans un périmètre garant de leur histoire, de leurs traditions et de leur culture et que l’on appelle nation ».

Il peut bien entendu compter sur la caisse de résonance que constitue le département de l’Aisne, un des principaux bastion du FN/RN où les élections précédentes ont toutes placé ce parti d’extrême droite en première place…

Hénin-Beaumont

Cette commune, la seule que le FN de l’époque avait conquis avec une majorité absolue dès le premier tour des élections municipales de mars 2014, constitue la vitrine la plus visible du parti. La cheffe, Marine Le Pen, occupe d’ailleurs un siège de députée dans le voisinage, dans la onzième circonscription du Pas-de-Calais.

Ici, le parti fait preuve d’une certaine prudence dans ses actes locaux, afin de ne pas trop susciter de mauvaise presse. Ce qui ne signifie pas pour autant qu’il s’abstienne de faire sa propagande, bien au contraire. Marine Le Pen avait choisi la ville d’Hénin-Beaumont pour faire sa « rentrée politique nationale » – sa première apparition publique et médiatique après la pause estivale -, le dimanche 8 septembre. Lors de la braderie d’Hénin-Beaumont, elle se déplaça en compagnie du maire Steeve Briois.

A cette occasion, le quotidien Le Monde donna la parole à l’élue d’opposition Marine Tondelier : « #ffffff »>La vitrine, la vitrine… Nous, ce qu’on voit, c’est surtout les ravages dans l’arrière-boutique#ffffff »>, #ffffff »>gronde Marine Tondelier, depuis le stand de l’opposition que la délégation Briois-Le Pen prend bien soin d’éviter. S’ils ne passent jamais devant ceux qui ne sont pas d’accord avec eux, c’est facile, ils font une campagne en pantoufles ! » #ffffff »>La conseillère municipale écologiste est à l’initiative de la liste citoyenne Osons pour Hénin-Beaumont, où se retrouvent des militants socialistes, écologistes, communistes, Insoumis… Une union rare en ces temps d’atomisation de la vie politique française. » 

Lors de ce même déplacement à Hénin-Beaumont, Marine Le Pen, loin de jouer sur l’apparence d’unanimité, prit soin de marteler les fondamentaux du RN, mettant en avant sur le plan thématique « l’immigration incontrôlée » et « l’ensauvagement de la société », annonçant par ailleurs que le RN placera « la sécurité » au cœur de sa future campagne aux municipales.

A Hénin-Beaumont, aussi, l’idéologie du RN est bien au rendez-vous. La municipalité ne fait pas que projeter des piscines, comme celle qui a fait l’objet d’un conseil municipal du 8 novembre. Des actes autrement plus idéologiques portent également sa signature.

Ainsi la municipalité s’est opposée, lors d’un vote du 10 octobre 2019 dans le cadre de la Communauté d’agglomération, à une subvention pour l’ouverture récente d’un fast-food de l’enseigne BBQ à Hénin-Beaumont. Motif : l’établissement ne propose pas d’alcool à sa clientèle… ce qui ne relève d’aucune obligation. La municipalité RN y voit, automatiquement, une « dérive communautariste ». Français, Françaises, bourrez-vous la gueule, pour montrer que vous n’êtes point des méchants musulmans… !!