Normandie. Les enseignants agricoles mobilisés contre le manque de moyens
Manque de moyens, multiplication de leurs missions, classes surchargées… Les enseignants de lycées agricoles ont fait entendre leurs revendications ce mardi 30 juin 2020, à la Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt, à Caen.
En réponse à un appel intersyndical et national à la grève, les enseignants de lycées agricoles normands se sont mobilisés devant la Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (Draaf), à Caen, ce mardi. Ils dénoncent « une baisse générale des moyens » pour la rentrée, relève Franck-Olivier Pauvert, cosecrétaire régionale du Snetap-FSU, syndicat majoritaire.
Une délégation a été reçue en début de matinée. « Ça n’a pas été houleux, nous voulions surtout faire remonter nos revendications. Nos interlocuteurs nous ont écoutés, raconte Franck-Olivier Pauvert, mais sont aussi un peu dans l’incompréhension face aux consignes gouvernementales ».
Des heures d’aides, pas si « individuelles et sous-payées »
Les enseignants s’inquiètent de la maigre enveloppe donnée aux établissements (dotation globale horaire, DGH), qui ne permettra pas d’assurer les cours obligatoires et facultatifs. Surtout, « les deux heures d’aides individualisées, propres à la réforme, ne seront payées qu’à 50 % », pour les profs du bac Sciences et technologies de l’agronomie et du vivant. Cette décision crée, selon le cosecrétaire régional, un « problème d’équité entre filières » et suscite l’incompréhension des enseignants.
Pour justifier cette baisse de rémunération, « on nous dit que ces heures demandent moins de travail en amont que des cours normaux. Ce n’est pas vrai. » La réforme du bac donne toute liberté aux équipes enseignantes de décider sur quoi travailler lors de ces heures d’accompagnement. Une liberté à double tranchant, expliquent les enseignants, car « nous ne sommes ni psychologues, ni conseillers d’orientation, et ces postes sont peu à peu supprimés. Et ça nécessite de faire un travail de préparation en équipe, de s’harmoniser, ou de trouver les professionnels pertinents pour les élèves ».
Classes surchargées
De plus, les dédoublements de classes n’étant plus assurés, l’aide individualisée n’est pas faisable avec 25 élèves par classe, dénoncent plusieurs enseignants. En cours général, ce non-dédoublement pose des problèmes de « sécurité, puisqu’ils sont 30 à manier des scalpels, de l’acide, ou des débroussailleuses ». Des choix sont donc faits, un demi-groupe de langues dans tel lycée, de travaux pratiques là, de sport dans un autre, et cela crée une situation de « concurrence entre les établissements », toujours selon les professeurs mobilisés ce mardi 30 juin.
La dotation globale horaire est normalement revue à la hausse, mi-septembre, si le nombre d’élèves est supérieur aux prévisions, « mais en réalité, on ne nous la donne pas systématiquement », explique Clara Monnier, professeure de biologie et écologie au lycée Robillard, à Saint-Pierre-en-Auge (ex-Saint-Pierre-sur-Dives).
Et d’ajouter : « Le ministère de l’Agriculture (en charge de l’enseignement agricole) doit être capable de définir quels cours doivent être faits en demi-groupes ou non, et de guider dans un souci pédagogique ». « L’enseignement agricole sert souvent de test pour le ministère de l’Éducation nationale », pense Clara Monnier. Elle invite donc à regarder de près ce qui se déroule dans leur secteur.