Déclaration des représentants des personnels au Conseil d’Administration de l’EPLEFPA des Champs de Tracy,vendredi 14 juin 2019
Nos taux de réussite sont bons.
Nos taux d’insertion sont bons.
Nous avons un savoir-faire indéniable de la quatrième au BTSA dans plusieurs filières.
Mais l’Enseignement agricole public est, dit-on, à un tournant de son existence, parce que ses effectifs sont en baisse.
Quel est alors notre meilleur atout pour continuer à être attractif ? N’est-il pas de nous appuyer sur nos spécificités qui ont permis la réussite de nos élèves et de nos apprentis ? N’est-il pas de les développer tout en préservant l’unité au niveau national ?
Les décisions prises pour satisfaire aux injonctions de la Loi de Finance de 2019, telles que la dérégulation des seuils, vont affecter de manière forte le fonctionnement des établissements et les conditions de travail de tous les agents.
En Normandie, la baisse générale annoncée de la DHG socle (de 2,5% avec un fléchage par établissement allant de 0% à -4,2%) et l’augmentation de sa part optionnelle (à 1,6%) vont contraindre les chefs d’établissements à arbitrer entre dédoublements, options et enseignements facultatifs. C’est l’équivalent de 8 postes qui vont être supprimés en Normandie.
A Vire, l’injonction nous a été faite d’écrire des dossiers, de faire des projets pour demander des moyens supplémentaires. Demander, sans être sûrs d’obtenir quelque chose. Demander, en sachant pertinemment que nous sommes mis en concurrence les uns avec les autres. Car avant même d’évoquer les conditions dans lesquelles nos élèves vont apprendre, avec des seuils rehaussés et sans dédoublement, nous avons compris que notre équipe ne résisterait que difficilement à cette mise en concurrence. Et de fait, avec ces mesures, nos élèves, nos apprentis connaîtront l’inégalité. Inégalité entre les matières: celles qui auront leur dédoublement et les autres, inégalités entre les lycées sur le territoire national.
Concrètement, au lycée de Vire, nous savons depuis longtemps que nos bac pro ont besoin d’être dédoublés pour progresser. En effet, comment réaliser en cours d’agronomie un diagnostic parcellaire dans de bonnes conditions à 27 élèves en classe de Bac Professionnel? Comment garantir des conditions de sécurité ? Comment accompagner nos élèves les plus en difficulté ? Comment faire tenir 27 élèves dans nos petites classes ? Les dédoublements réglementaires sont nécessaires pour maintenir la qualité de notre enseignement !
Enfin la réforme de l’apprentissage va exacerber la concurrence entre les systèmes de formation professionnelle au détriment de leur qualité, de l’accueil des jeunes et des conditions de travail des formateurs. La fermeture programmée à moyen terme des centres les plus fragiles ne fera qu’accentuer le sentiment d’abandon de certains territoires ruraux.
Ces mesures délétères vont à l’encontre des objectifs assignés à l’Enseignement Agricole public et de ses missions qui font la force de son enseignement. Cette gestion comptable à court terme ne saurait être la solution pour pérenniser l’Enseignement Agricole public et lui conserver son efficience.
Partant de ces constats, les représentants des personnels au C.A. De Vire ont donc décidé unanimement de ne pas siéger au conseil d’administration du 14 juin 2019. Nous demandons l’abandon du projet de modifications des seuils de dédoublements, le maintien de la DGH, du plafond d’emplois à leurs niveaux précédents, et la conduite d’une réflexion globale pour créer des conditions réellement favorables à une augmentation des effectifs dans les établissements d’enseignement agricole public. Sans cela, nous ne pourrons pas assurer la rentrée 2019.