Alors que le Président de la République annonçait il y a quelques semaines que « nous avons devant nous cent jours d’apaisement », nous ne pouvons que constater et dénoncer des réformes brutales et injustifiées qui se poursuivent et s’accélèrent, en particulier dans l’éducation et la formation, malgré des mobilisations d’une ampleur exceptionnelle. Nous sommes très loin de l’apaisement annoncé.
Nous rappelons d’abord avec force notre opposition à une réforme injuste des retraites à laquelle s’ajoutent pour nous le déni de la réalité de nos conditions de travail et le mépris ouvertement affiché à l’encontre de nos professions.
Nous rappelons aussi notre ferme opposition au projet de Pacte destiné à pallier les défaillances de l’État en matière de remplacement qui va impacter directement nos établissements scolaires et va inévitablement toucher à leur fonctionnement et à l’organisation des services.
Nous dénonçons le discours mensonger concernant les absences qui seraient systématiquement remplacées à la rentrée grâce au Pacte. C’est un leurre qui traduit une grande méconnaissance de nos établissements et un profond mépris pour la dimension pédagogique de nos métiers.
Ce Pacte n’est en rien, non plus, une revalorisation pour les enseignant.es et CPE. Ils/elles ont perdu plus de 20% de pouvoir d’achat sur les 20 dernières années et ce qui leur est proposé, c’est simplement de travailler plus alors que la moyenne hebdomadaire en France de temps de travail des enseignant.es est d’au moins 43 heures.
Ce Pacte va désorganiser les établissements et mettre en péril certains dispositifs et certaines missions existantes. Il vise à mettre en place des réformes qui donnent à l’école une orientation contraire à ses missions, notamment par la seule perspective d’adaptation des élèves au monde du travail, dont le symbole est la réforme du lycée professionnel appuyée par le Pacte « voie pro ».
Ce Pacte entraînera une dégradation des conditions de travail, de rémunération des personnels et des conditions d’études de toutes et tous les élèves.
Dans ces conditions, ce pacte va forcément aggraver encore les inégalités salariales entre les hommes et les femmes. Ceci est proprement scandaleux.
Ce Pacte va à l’encontre des valeurs et missions de l’Enseignement Agricole Public, qui reposent sur des principes d’équité, d’éducation et de service public. L’école publique, laïque a une mission émancipatrice bien plus ambitieuse avec un accès à une culture commune pour toutes et tous.
Pour l’ensemble de ces raisons, nous exigeons l’abandon du Pacte et une revalorisation du point d’indice au-delà de la compensation de l’inflation subie et dans le respect des grilles d’avancement salarial pour toutes et tous les personnels de nos établissements.
Nous rappelons encore notre contestation de la réforme des lycées professionnels visant clairement la transformation, dans l’Enseignement Professionnel, de la voie initiale scolaire sur le modèle de l’apprentissage avec nos métiers et nos statuts comme cibles. Cette réforme, est un outil au service des entreprises pour pallier le manque de main d’œuvre dans des secteurs d’activité identifiés, n’est aucunement guidée par l’intérêt des élèves ni des familles et encore moins par le soucis de montée en compétence générale de la société. Il s’agit une nouvelle fois d’un passage en force de la part du gouvernement. En ce sens la poursuite des réformes de la voie professionnelle aura des répercussions d’ampleur à terme. Sans évoquer la vision ultra-libérales de la formation qui les soutiennent et la privatisation rampante qu’elles imposent, elles sont justifiées par un argumentaire populiste à court terme de réponse à des problématiques conjoncturelles et elles privent la société d’une partie de son principal levier, celui de la formation de l’éducation de la jeunesse, de réponse aux enjeux sociaux et environnementaux majeur des prochaines années. Comme pour la baisse du nombre de filles dans les matières scientifiques due à la réforme Blanquer, nous le disons avec gravité, chaque temps d’éducation perdu pour une génération sera un manque à notre développement ou notre capacité d’adaptation dans les cinquante prochaines années. C’est vrai aussi et particulièrement impactant dans l’agriculture.
Nous rappelons enfin notre colère face à l’absence de reconnaissance du travail des AESH et AED dans nos établissements. Nous alertons les Ministères de l’Éducation nationale et de l’Agriculture depuis de nombreuses années sur les mesures insuffisantes au regard des conditions salariales, d’emploi et de travail des AESH. Leur grille salariale est devenue totalement obsolète et entraîne des situations de grande pauvreté dans lesquelles sont plongé·es de nombreux.euses AESH et d’autant plus au vu du contexte de forte inflation. Pourtant, les AESH contribuent pleinement à la réussite de la scolarisation des élèves en situation de handicap mais l’école ne peut être vraiment inclusive tant que les AESH qui la mettent en œuvre sont privé.es d’un vrai statut de la Fonction publique. L’annonce lors de la conférence nationale du handicap de la création d’un nouvel emploi regroupant les AESH et les AED est une nouvelle étape dans le mépris du travail de nos collègues. Cette mesure qui ignore la réalité de ces emplois doit être abandonnée.
Pour terminer cette déclaration, L’Elan commun souhaite rappeler que la taille de notre région nécessite des adaptations particulières du format de nos instances pour garantir la représentation complète des personnels et notre capacité, à nous élu.es, d’assurer notre rôle de représentant.es et de porter leur parole. Pour cela des instances qui se tiennent le matin comme aujourd’hui nous limite dans la préparation de cette réunion. Nous demandons que dorénavant, lorsqu’elles sont convoquées sur une demi-journée, les réunions se tiennent l’après-midi en évitant le vendredi.