Boycott du CREA Hauts-de-France du 8 janvier 2024
Ci-dessous, la déclaration de l’intersyndicale de l’Enseignement Agricole Public de la région des Hauts-de-France ÉLAN COMMUN (CGT-Agri, SNETAP-FSU, Sud Rural et Territoires) / FO-EA :
Déclaration de l’intersyndicale de l’Enseignement Agricole Public de la région des Hauts-de-France
ÉLAN COMMUN/FO-EA
CREA Hauts-de-France du 8 janvier 2024
C’est un HOLD UP doublé d’un Mensonge et de mépris !
Face à une succession de reports, convocations, boycotts et re-convocations d’instances au sein de notre ministère et de nos DRAAF-SRFD, nous constatons avec indignation le maintien d’une posture ministérielle dénuée de respect et de responsabilité. Le ministre persiste à promettre, sans concrétisation, une rencontre avec l’intersyndicale pour traiter au fond de ce qui doit être qualifié de conflit social majeur.
Nous dénonçons fermement ce HOLD UP doublé d’un mensonge et de mépris envers notre profession. Les enseignant·e·s intervenant dans les classes de Bac Pro rénové font face à des altérations suspectes sur leurs fiches de service, sans communication préalable. Ces manipulations impactent certain·e·s en les contraignant à accroître leur charge de travail, tandis que d’autres subissent une réduction injustifiée de leur rémunération.
Ces agissements délibérés témoignent d’un mépris flagrant envers une profession déjà confrontée à un manque d’attractivité, comme en témoigne le constat alarmant de 50% des postes proposés aux concours en 2023 restés vacants. Le nouveau calcul du temps de travail, imposé de manière opaque, contraindra les enseignant·e·s à choisir entre « travailler autant pour gagner moins » ou « travailler plus pour simplement gagner autant« . Cette mesure sacrifierait également la pluridisciplinarité, vantée jusqu’à présent, y compris par le ministre lui-même.
Malgré une mobilisation marquée par une journée de grève et de manifestation devant la direction générale à Paris le 14 novembre dernier, le ministre Marc Fesneau demeure inflexible, assumant la nouvelle règle de gestion. Ses mensonges devant les sénateur·trices lors de son audition le 15 novembre (« il n’y a pas d’augmentation du temps de travail », « c’est travailler autant et différemment pour gagner autant », etc.) soulignent l’absence de volonté de dialogue.
Face à ces manipulations et mensonges du ministre, l’intersyndicale refuse toute nouvelle dégradation des conditions de rémunération et de travail des enseignant·e·s de l’enseignement agricole, camouflée sous le prétexte fallacieux de « contraintes budgétaires ». Le ministre doit prendre la mesure de ce conflit social majeur, appelé à se durcir sans le retrait de cette nouvelle règle de gestion massivement rejetée par les personnels que nous représentons.
Lors du CREA Hauts-de-France du 21 novembre 2022, la question cruciale de la rémunération des enseignant·e·s et de l’attractivité de notre profession a été débattue sans fondement sur des sources crédibles, mais plutôt sur des spéculations. Le salaire constitue un critère déterminant pour le recrutement des enseignant·e·s, et les données de l’OCDE révèlent que les enseignant·e·s français·es figurent déjà parmi les moins bien rémunéré·e·s. Certains parlent même de déclassement de cette catégorie socio-professionnelle. Les systèmes d’éducation les plus performants rétribuent davantage leurs enseignant·e·s de manière générale, comme le démontrent les enquêtes menées par l’OCDE.
La mise en œuvre du Pacte présente le risque d’accentuer la charge de travail des administratifs et des directeurs/directrices adjoint·e·s d’établissement, entraînant ainsi une détérioration du climat social au sein de nos établissements. Pour préserver la qualité de l’éducation dispensée, il est impératif d’implémenter des augmentations salariales substantielles. La sauvegarde de cette qualité éducative demeure une priorité absolue, une mission sérieusement menacée en cas de départ massif des enseignant·e·s ou d’une diminution accrue de l’attractivité du métier.
Avec la baisse généralisée des effectifs en BTSA, l’enseignement agricole public risque de nouveau faire les frais pour protéger l’enseignement agricole privé. Dans un contexte de déséquilibre historique, la DRAAF/SRFD doit rééquilibrer les classes de BTSA en faveur du public pour garantir l’égalité d’accès à la formation agricole.
L’enseignement agricole public demeure le principal garant de l’égalité d’accès à la formation agricole, ainsi que de la promotion de la transformation sociale et environnementale en faveur d’une agriculture durable. Par conséquent, il mérite d’être renforcé et préservé.
Monsieur le Ministre, Monsieur le Directeur régional, les enseignant·e·s tracent une ligne rouge qu’ils ne toléreront pas que vous franchissiez.
L’intersyndicale de l’Enseignement Agricole Public des Hauts-de-France revendique le boycott du CREA convoqué ce jour et de toutes les autres instances de l’enseignement agricole, en réponse au mépris manifeste de notre ministre. Nous exigeons le retrait immédiat de cette « mesure de gestion » brutale et injuste et nous sommes déterminés à poursuivre notre action sociale jusqu’au retrait. Assez de mépris !
Le personnel de l’enseignement agricole public mérite davantage d’attention et de meilleures conditions de travail.
L’intersyndicale de l’Enseignement Agricole Public de la région des Hauts-de-France
ÉLAN COMMUN/FO-EA