1er mai : Fête des travailleur·ses
Aussi une histoire sociale du Nord
Le congrès international socialiste, réuni le 21 juillet 1889 à l’occasion du lendemain de la Révolution Française, prit la résolution de faire du 1er mai une journée internationale de revendications sociales.
En France, le 1er mai 1890 ne remporte pas le succès escompté par les organisateurs.
L’année suivante a eu lieu le massacre de Fourmies. Dès lors, la manifestation du 1er mai est devenu une tradition internationale de fête des travailleurs·ses et d’exposition de leurs revendications…
Avant Fourmies, Chicago
C’est aux États-Unis que le 1er mai trouve ses racines dans une période de pleine croissance économique, dopée par l’industrialisation et les progrès techniques. Mais en contrepartie, les conditions de travail n’ont pas progressé et sont particulièrement inhumaines et déplorables.
A cette période, des Hommes, des Femmes et des Enfants devaient parfois travailler jusqu’à 17 heures par jour dans les ateliers et usines, sept jours sur sept pour un salaire de misère.
Quelques philanthropes s’en émeuvent et répandent les idées de progrès social.
En 1886, les syndicats américains, dont le célèbre Knigths of Labor (Chevaliers du Travail), se sont ralliés à un mot d’ordre de grève générale pour obtenir la journée de travail de 8 heures.
A Chicago, où la tension sociale était exacerbée, la grève ne s’arrêta pas. Des heurts violents opposèrent manifestants et force de police. Des coups de feu furent échangés, une bombe avait éclaté. Ce fut un terrible massacre dont on ignore exactement le nombre de victime. Après une parodie de procès, 6 militants furent condamnés à mort. Les pendus de Chicago devinrent de véritables martyrs de la cause ouvrière.
Après Chicago, Fourmies
Le 1er mai 1891, le massacre de Fourmies reproduit à l’identique les évènements dramatiques de Chicago.
Ce jour là, dans cette petite cité lainière ouvrière du Nord, après l’éclatement d’incidents entre grévistes et non-gréviste, la troupe militaire met fin dans le sang à une manifestation qui se voulait festive pour revendiquer la journée de 8 heures.
Le bilan est de 10 morts (interrogation sur le dixième), dont 2 enfants et de 35 blessés.
- Les morts :
- Maria Blondeau, 18 ans
- Louise Hublet, 20 ans
- Ernestine Diot, 17 ans
- Félicie Tonnelier, 16 ans
- Kléber Giloteaux, 19 ans
- Charles Leroy, 20 ans
- Émile Ségaux, 30 ans
- Gustave Pestiaux, 14 ans
- Émile Cornaille, 11 ans
Bien que les forces de l’ordre aient été mises en cause, 9 manifestants furent condamnés pour entrave à la liberté de travail, outrage et violence à agent et rébellion, à des peines de prison de 2 à 4 mois fermes.
Un second procès a lieu le 4 et 5 juillet 1891 : la cour d’assises de Douai condamne Hippolyte Culine et Paul Lafargue, considérés comme les instigateurs de la grève, pour provocation à attroupement armé. Le premier écope de six ans de travaux forcés et dix ans d’interdiction de séjour, le second d’un an de prison. Toutefois, Lafargue est libéré de façon anticipée, après son élection comme député, en novembre 1891. Cet épisode contribue au progrès du socialisme français et est un événement fondateur de la Section Française de l’Internationale Ouvrière (SFIO).
1er mai une pression populaire qui abouti à des résultats
En France, cette pression populaire aboutit à des résultats :
- En 1906, la loi sur le repos hebdomadaire est votée;
- En 1919, la loi sur la journée de 8 heures est votée;
- En 1939, la grève générale du 1er mai salue la victoire du Front populaire. Elle précède un grand mouvement de grèves qui aboutit à l’obtention de la semaine des 40 heures et à l’instauration des « congés payés ».
1er mai : Fête du Travail, non des travailleurs·ses
La « fête du travail » est chômée (fériée) dans certains pays comme la Belgique, l’Allemagne, la France, l’Italie, le Luxembourg, etc.
On peut remarquer des différences dans plusieurs pays sur la façon dont la « fête du travail » est pratiquée. Au Canada et aux États-Unis, la fête du travail est un jour férié du mois de septembre. En Australie, elle est fêtée à différentes dates proches du printemps ou de l’automne.
Dans certains pays, comme la France et la Suisse, elle se confond avec la journée internationale des travailleurs·ses, fête internationale instaurée à l’origine comme journée annuelle de grève pour revendiquer la journée de 8 heures, qui devint au XXe siècle une journée de lutte et de célébration des combats des salarié·es.
Célébrée le 1er mai dans de nombreux pays du monde, elle est l’occasion pour les mouvements des travailleurs·ses d’importantes revendications et de manifestations sociales.
1er mai 2020 : « plus jamais ça ! »
Nos organisations appellent à participer aux mobilisations syndicales pour donner au 1er mai 2020, journée internationale de lutte des travailleuses et travailleurs, un écho tout particulier dans le contexte de crise sanitaire. La pandémie qui se répand dans le monde entier révèle de manière tragique les dérèglements du capitalisme néolibéral et productiviste ainsi que les dysfonctionnements de l’actuelle gouvernance mondiale. La situation nécessite d’affronter ensemble les urgences écologiques, sociales et démocratiques.
Les impératifs de santé publique seront à l’honneur de ce 1er mai. Nos organisations appellent à manifester la solidarité avec les travailleurs.ses, en France et dans tous les pays, dont les activités continuent, souvent sans même le matériel de protection nécessaire. La solidarité aussi avec les « invisibles » que la crise a pourtant révélé.e.s comme indispensables, ainsi qu’avec les précaires et les « sans », dont la situation s’est dramatiquement aggravée pendant la crise…
Pour lire le communiqué complet, cliquez sur le lien ci-dessous :